Les deux parties précédentes abordant l’émancipation de la femme se concentraient essentiellement sur une brève mise en contexte et l’aspect économique. Dans cette 3ème partie nous allons pousser notre réflexion plus loin en nous questionnant sur la perception chrétienne de l’émancipation des femmes. Comment les femmes chrétiennes abordent-elles leur émancipation et qu’est-ce que cela implique dans leur vie au quotidien ?
La description biblique de ce qu’est une femme vertueuse nous aidera à mieux comprendre la notion d’émancipation selon la foi chrétienne. Proverbe 31 : 10-31 décrit la femme vertueuse comme la femme qui se lève tôt et prend soin de sa maison, celle qui travaille de ses mains pour se nourrir et nourrir les siens, celle qui entreprend en faisant du commerce.
Ce passage décrit également une femme avec de l’ambition et des projets qui se procure d’un champ et qui travaille la terre pour subvenir à ses besoins et ceux de sa famille, une femme sage qui a la confiance de son mari et reçoit constamment des éloges de ce dernier pour son courage, sa détermination, sa force, sa générosité, sa patience etc. En ces termes nous déduisons que l’émancipation des femmes de foi ne peut être que bénéfique pour des hommes de foi et pour la société de façon générale.
Bien qu’il soit difficile de trouver un consensus sur la conception chrétienne de l’égalité des genres, nous pouvons retrouver la notion de l’égalité entre l’homme et la femme dans la bible notamment dans (Galates 3 : 28) où il est écrit : « Il n’y a plus ni Juif ni Grec, il n’y a plus ni esclave ni libre, il n’y a plus ni homme ni femme ; car tous vous êtes un en Jésus Christ. » Au travers de ce verset biblique, nous pouvons croire sans risque de nous tromper qu’en Christ les hommes et les femmes sont égaux et qu’il n’existerait pas un traitement différentiel selon le sexe devant Dieu.
En nous appuyant sur cette base, nous soulignons que la bible parle également des rôles et responsabilités de l’homme et de la femme qui ne viennent pas remettre en question l’égalité préétablit entre les deux sexes mais qui viendraient réguler les rapports entre les hommes et les femmes afin d’éviter le désordre et d’établir une vie harmonieuse dans la famille et dans la société.
Éphésien 5 : 22 – 33 illustre bien ces différentes responsabilités en précisant la place de l’homme et de la femme. Dans ces versets, les écritures s’adressent à l’homme comme étant le chef de la famille et à la femme comme devant respect et soumission à l’homme (mari). Il est également question pour l’homme d’aimer sa femme et d’en prendre soin comme Christ aime et prend soin de son église.
Cette division sexuelle des responsabilités ne remet pas en question, d’après nous, le besoin et le désir d’émancipation traduit par de nombreuses femmes chrétiennes ou non à travers le monde.
L’expression « émancipation de la femme » selon Larousse désignerait : « l’action de s’affranchir d’un lien, d’une entrave, d’un état de dépendance, d’une domination, d’un préjugé. » Est-il légitime pour une femme chrétienne d’aborder son émancipation selon ces aspects ?
La bible prêche-t-elle la domination de l’homme sur la femme, la subordination de la femme ou son assujettissement vis-à-vis de l’homme ? Autrement dit la conception biblique des rapports sociaux de sexes s’illustre-t-elle strictement à travers un rapport de pouvoir entre dominants (hommes) et dominées (femmes) ? Nous ne disposons pas d’une réponse concrète sur ces questionnements mais nous pouvons justement réfléchir à ses notions pour mieux traiter la question de la femme et de son émancipation dans la tradition chrétienne.
Nous pouvons cependant souligner que la notion de subordination fait allusion à un état de dépendance d’une personne vis-à-vis d’un autre et que le terme « soumission » décrit « le fait de se mettre sous le pouvoir d’une autorité ». En faisant référence à ces définitions, nous retenons que la femme chrétienne est appelée à vivre sous l’autorité du mari (homme) en lui devant respect et obéissance de même que l’homme et la femme sont soumis à l’autorité divine. Précisons donc que la femme chrétienne ne devrait pas s’affranchir de l’autorité de son mari mais plutôt des idées préconçues sur le genre et de ce que devrait être une femme ou ce qu’une femme devrait faire ou ne pas faire. Ici, il est également pertinent de mentionner que ces vérités bibliques s’appliquent, essentiellement, dans la vie privée des croyants. Ainsi, la femme qui occupe un poste plus élevé que celui de son mari dans la sphère publique n’annule en rien son devoir de soumission et obéissance une fois à la maison.
L’émancipation de la femme chrétienne vise l’amélioration de ses conditions de vie, la reconnaissance de ses droits légaux au même titre que ceux des hommes.
Dans un texte publié par CBE international intitulé : « Dans la bible, l’homme et la femme ont le même statut » qui illustre la notion de l’égalité homme/femme dans le récit de la création « décrit la création de la femme en la désignant l’ezer kenegedô de l’homme, littéralement, « une force qui lui corresponde. » »
Nous ne saurons mettre un terme à notre réflexion sans citer des femmes extraordinaires de la bible qui furent des actrices de changement dans leur société.
- Nous retrouvons Déborah dans juges 4 : 4-5 qui fut la seule femme juge d’Israël à l’époque et prophétesse, étant admirée pour son courage ;
- Ruth, veuve reconnue comme étant une femme avec de grandes valeurs a également marquée son époque par sa détermination et les renoncements qu’elle a dû faire pour rentrer dans le plan parfait que Dieu avait pour sa vie; (livre de Ruth)
- La reine Esther, femme courageuse qui a réussi à sauver le peuple juif menacé de mort par le jeune et la prière. (Esther, chap. 4 et 5).
En définitif nous dirons que l’émancipation de la femme chrétienne vise l’épanouissement de cette dernière qui passe par l’amélioration de ses conditions de vie et la reconnaissance sociale de ses capacités et compétences au service de sa famille et de sa communauté.
Par Fariji Niyo
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