C’est avec grand honneur que j’écris la dernière interview de l’année. 2020 a été difficile au niveau de l’économie du monde entier et les organisations à but non lucratif ont été durement touchées par la pandémie. Plus que jamais, la capacité des dirigeants à voir leur organisation traverser des périodes difficiles est mise à l’épreuve. Dans cette courte histoire, je partagerai avec toi ce que j’ai appris du Dr Myriam Munezero, présidente de Think Africa.
Commence là où tu es !
Quand j’ai demandé à Myriam ce qui l’avait poussée à créer Think Africa et quels étaient ses premiers pas, la réponse m’a surpris. Elle ne l’a en fait pas créé. L’entité est enracinée dans ce qui était un groupe d’étudiants à l’université en 2013. À partir de là, le groupe est devenue une organisation à but non lucratif, enregistrée en 2014. Comme c’est le cas pour de nombreuses organisations constituées d’étudiants, une fois diplômés, ils ont tendance à partir soit à la poursuite d’autres études ou pour trouver un emploi ailleurs. Ce fait cause à l’organisation de s’éteindre ou de rester quelque peu stagnante. C’est précisément au moment où les choses n’allaient pas si bien que Myriam est devenue membre de Think Africa, en 2018. Il n’a pas fallu longtemps aux autres membres pour reconnaître ses compétences en leadership car ils ne l’ont élue présidente qu’après un an de son adhésion.
Je pense parfois que nous voulons devenir des leaders au sein du gouvernement ou de grandes institutions, à un moment indéterminé dans le futur et, par une sorte d’événement magique, sans commencer là où nous en sommes ou là où on est le plus utile. Si tu veux devenir un leader, il est essentiel que tu puisses identifier comment résoudre un problème pour les autres dans ton entourage immédiat car c’est cela qui constituera le fondement de ton leadership. À partir de là, tu ne peux que t’améliorer en tant que dirigeant et le type de dynamisme que tu apportes aura un impact positif sur ton équipe. Partir de là où tu es et avec ce que tu as est possible et réalisable. Voici comment Myriam l’a fait, étape par étape.
« Mon objectif pour la première année était d’augmenter le nombre de membres et le niveau d’activité de l’organisation.Cela comprenait également l’attribution de tâches et de responsabilités au nouveau conseil qui venait d’être élu. Au cours de cette première année, nous avons organisé près de 16 événements par rapport au seul événement organisé l’année précédente.
L’objectif était de rendre l’organisation à nouveau visible et de découvrir son rôle dans la communauté. Cela signifiait également consacrer beaucoup d’efforts au marketing et à l’image de marque, nous avons réorganisé le site Web et le logo de l’organisation, pour les rendre plus frais et modernes.
En tant qu’organisation centrée sur les immigrés et avec les perceptions existantes sur les Africains et de l’Afrique, j’ai trouvé important pour nous de mettre beaucoup d’efforts dans l’apparence de l’organisation en tant qu’entité professionnelle. Pas seulement en apparence, mais comment nous conduisons et organisons nos activités.
Bien sûr, il s’agit d’un processus continu, et nous révisons et définissons notre stratégie de marketing et de marque et y investissons davantage de ressources. C’est ma troisième année à la présidence et mon focus en 2020 était sur le renforcement de notre stratégie et la création de procédures pour plusieurs projets tels que le financement, la gestion d’événements, le marketing, la sensibilisation, la gestion communautaire, et plus. Cette stratégie nous aidera à aller de l’avant en nous ancrant et en nous guidant dans nos activités et partenariats à court et long terme ».
Le leadership n’est jamais simple
En plus des responsabilités qui accompagnent un poste de leadership, il y a des défis supplémentaires auxquels les dirigeants sont confrontés. Tu dois motiver ton équipe et la plupart du temps sans qu’ils s’en rendent compte, tu dois encourager les gens de manière à les empêcher de stagner ou de devenir trop exigeants envers eux, garder ton enthousiasme et faire tout ce qui précède jour après jour, année après année. Chaque leader doit éventuellement faire l’expérience de certains aspects des défis de leadership. Ce qui fait un bon leader, cependant, c’est la capacité de surmonter ces défis et de continuer à diriger son équipe pour atteindre les objectifs que l’on s’est fixés.
Voici ce que Myriam avait à dire sur les défis à relever. « Les défis ont été nombreux et font partie du voyage, mais le défi auquel je suis confronté maintenant et que je relève avec le conseil actuel est de veiller à ce que nous n’ayons pas d’épuisement des bénévoles. Depuis le début, l’organisation était entièrement basée sur le volontariat, mais ce n’est pas durable à long terme, pas si nous voulons atteindre nos objectifs stratégiques et notre vision d’être un lieu où le potentiel de la diaspora africaine est réalisé. Nous nous attaquons à ce défi en définissant les fonctions dans les organisations qui sont essentielles et ne peuvent plus être basées sur le volontariat et en sollicitant un financement pour soutenir la mise en œuvre des activités. Ce processus doit cependant être mené de manière stratégique et transparente. Nous devons également rendre les opportunités de volontariat transparentes et faciles pour nos membres ».
En tant que leader, moi-même, je me demande parfois s’il y aura un moment où les choses se passeront comme sur des roulettes. Je me dis: «peut-être si nous avions plus de volontaires ou obtenions plus de financement…» et ensuite je me rappelle que quel que soit le stade auquel tu es dans ton organisation ou ton projet, être un dirigeant vient avec ses défis. Ce qui m’a personnellement aidé, c’est d’être en conversation avec d’autres leaders et de travailler avec des mentors.
Continue, ça ira mieux !
Ce n’est un secret pour personne que lorsque tu persévères et fait le travail, tu finiras par voir les fruits de tes efforts. Même si les résultats ne sont pas ceux que tu espérais, tu auras au moins acquis une expérience qui contribuera à perfectionner tout ce que tu décideras de faire ensuite. Les résultats de Think Africa sont visibles par tous ceux qui lisent leur site Web ou suivent leurs activités sur les réseaux sociaux, mais je voulais en savoir plus sur la façon dont ils percevaient leurs progrès et leurs meilleures réalisations jusqu’à présent.
« Avoir une plateforme où nos membres peuvent créer et s’impliquer dans des projets qui les intéressent, recevoir le soutien d’une équipe motivée pour concrétiser leurs idées et trouver des personnes qui partagent les mêmes idées, être un endroit où ceux qui nous viennent apprennent de nouvelles choses, obtiennent des informations et trouvent de l’inspiration.
De plus, l’organisation commence à être un acteur clé dans les questions qui concernent la diaspora africaine où nous sommes invités à nous consulter sur des questions qui affectent la communauté, ou à partager des informations essentielles. Cela comprend également une collaboration accrue avec d’autres organisations africaines et finlandaises partageant les mêmes idées dans les secteurs public et privé.
Notre événement phare, Think Africa Week, que nous avons organisé du 14 au 20 novembre, a touché plus de 15 000 000 personnes à travers le monde. »
Vu de l’extérieur, il est difficile de quantifier le nombre d’heures de travail consacrées à Think Africa depuis l’époque où il s’agissait d’un groupe d’étudiants jusqu’à ce que l’organisation est devenue. Ce qui est certain, cependant, c’est que tous les efforts et tous les revers ont contribué au Think Africa que nous voyons aujourd’hui.
Quelle perspective alors, pour 2021? « Chez Think Africa, nous accueillons tous ceux qui trouvent notre mission de devenir membres et qui ont la possibilité de diriger des activités et de devenir membres du Conseil. En savoir plus sur notre site Web et nous accueillons également un soutien de n’importe où qui ira à nos nouvelles activités axées sur les jeunes pour 2021. » – nous a confié Myriam.
Aux autres femmes leaders, soyez audacieuses!
Chez Femmes d’Espérance, nous sommes fiers d’écrire des histoires inspirantes. Quelle meilleure façon de terminer 2020 si ce n’est avec un conseil du Dr Myriam Munezero, pour celles qui occupent ou aspirent à occuper des postes de direction?
« Mon conseil pour les femmes qui souhaitent occuper des postes de direction serait simplement d’être assez audacieuses ou de se mettre au défi de l’essayer, même si vous pensez que vous n’avez pas les bonnes compétences ou que vous n’y êtes pas encore, le meilleur endroit où se prépare un leader, c’est être dans cette position. Ici, je vais citer le titre du livre de Sheryl Sandberg et dire simplement « Lean In ». Une fois que vous y êtes, prenez le temps de travailler sur vos compétences. La réflexion stratégique, être capable de voir une vue d’ensemble des choses et de résoudre les problèmes, et avoir de bonnes relations avec les gens, ont été les compétences que j’ai eu le plus à utiliser et que je continue de développer. N’ayez pas peur d’expérimenter et de prendre des risques calculés. »
Par Josephine Ma